Agrandissement de maison : comment s’y prendre ?
La construction immobilière se concrétise généralement dans les faits, par trois grands types de projets : la construction de biens neufs, la rénovation de biens anciens, ou la transformation d’une maison par le biais d’un agrandissement dont nous allons traiter ici.
Bien des raisons peuvent pousser à engager un tel projet, qui est cependant tout sauf anodin. La maison initiale fait montre de caractéristiques uniques, dont il faudra tenir compte pour rendre l’agrandissement cohérent et par ailleurs, assurer une prise de valeur plutôt qu’une détérioration de l’image du bien, synonyme de difficulté à le revendre le cas échéant. En clair, l’agrandissement doit être élégant, cohérent au regard du bâti existant, et fournir un vrai plus pratique aux habitants.
De multiples points d’attention jalonnent l’élaboration d’un plan d’agrandissement de maison, à l’instar de sa concrétisation par un professionnel compétent, qui doit être suivi efficacement et être capable de s’adapter à des modifications imprévues au besoin.
Suivez le guide, nous vous offrons ici une vision globale de l’agrandissement de la maison, de ses enjeux aux bons réflexes à adopter, en passant par les règles à respecter.
Pourquoi agrandir sa maison ?
Un agrandissement est envisagé lorsque les limites de la maison en termes d’espace se font sentir. L’évolution des projets de vie en est souvent à l’origine, de même que le fait de disposer de moyens financiers supplémentaires quelques années après avoir acquis le bien. La maison est alors agrandie :
- Pour bénéficier d’une pièce habitable supplémentaire, avec un but avéré comme l’accueil d’un nouvel enfant ou l’installation d’équipements dédiés à une activité (artistique, sportive, etc.) ;
- Pour agrandir un espace existant en vue de gagner en confort d’utilisation, la pièce de vie généralement ;
- Pour apporter une luminosité accrue à un espace existant agrandi ou créer un nouvel espace très lumineux ;
- Tout simplement en vue d’augmenter la valeur vénale du bien immobilier, par l’ajout de mètres carrés supplémentaires.
Pour valider votre motivation et définir un projet véritablement efficace, examinez votre envie d’agrandir votre maison sous deux axes essentiels :
- L’apport en termes de confort : disposer d’un espace complémentaire est-il utile à votre mode de vie et à celui de votre famille ? Sera-t-il utilisé souvent et sa présence entre-t-elle en cohérence avec l’espace de vie déjà existant ? Un agrandissement peut viser une pièce à vivre un peu petite, l’ajout d’une chambre ou encore, la création d’un espace dédié à une activité en particulier. Quel que soit votre projet, prenez le recul nécessaire pour jauger de sa réelle utilité.
- Le plus apporté à la construction : un agrandissement a un coût et s’il existe des moyens de limiter cette charge, elle n’en constitue pas moins un investissement qui est à retrouver en cas de revente. Sans parler de dénaturer un bien élégant ou de nuire à ses composantes initiales (mauvaise isolation de l’ajout, évacuation de l’eau de pluie mal pensée, etc.) et de lui faire carrément perdre de la valeur, il s’agira d’intégrer l’agrandissement à la construction de manière naturelle, avec une esthétique agréable et des composantes techniques logiques.
Précisons que l’agrandissement de maison est en plein essor aujourd’hui, car il évite d’avoir à envisager un déménagement. Outre la tension sur le marché immobilier et la difficulté rencontrée à conclure rapidement l’achat d’une nouvelle maison (car les biens se font rares et le financement, compliqué), l’agrandissement permet également de répondre à de nouveaux besoins, tout en conservant les atouts du bien actuel.
A commencer par sa localisation : vous fréquentez ce quartier depuis longtemps, y avez vos habitudes et potentiellement vos amis. Acquérir un nouveau bien signifie souvent vous éloigner de ce cocon. La décoration également, a certainement été refaite à votre goût et il vous faudrait tout recommencer ailleurs. Les souvenirs enfin, que vous évoquent cette maison, restent liés au lieu.
Agrandir est une solution idéale. Reste à déterminer comment et à quel coût !
Agrandir sa maison, par quel biais ?
Sur la question du comment, vous pouvez imaginer bien des manières d’ajouter des mètres carrés à votre maison : extensions latérales et surélévations sont possibles, et votre orientation apparaîtra naturellement selon le contexte du bâti actuel. Il vous faudra déjà opter pour l’une des quatre grandes solutions suivantes :
L’agrandissement du bâti
Si vous souhaitez que l’extension se fonde dans la masse de la maison, préférez agrandir le bâti avec des matériaux en dur (parpaings, briques, etc.). Pour la création d’un garage, l’ajout d’une aile voire une surélévation, il s’agit de la meilleure façon de rendre la maison plus grande de manière invisible, c’est-à-dire comme si elle l’avait toujours été. En appliquant le même revêtement que celui du bâti ancien, le résultat est optimal.
S’il est le plus qualitatif, l’inconvénient principal de ce mode opératoire est son coût, plus élevé que les autres solutions. L’impact sur l’ensemble des corps d’état peut également être important, pour apporter dans l’extension tout le confort nécessaire. Le délai de travaux enfin, se verra allongé en conséquence.
L’ajout d’une extension en semi dur
Deuxième option : bâtir une extension en ossature bois, qui présente l’avantage de nécessiter moins de travaux et peut répondre à nos exigences de qualité et d’isolation avec les techniques modernes. Pour éviter que le matériaux ne change de teinte au fil des années, optez pour un matériaux composite pour le bardage extérieur (mélange de bois et de plastique notamment).
Ce type d’extension est très souvent utilisée pour la création de chiens assis, ou l’ajout d’une pièce annexe au bâti principal dont elle sera séparée par une porte. Comprenez qu’il est moins pertinent de procéder à une jonction sur une grande surface. L’esthétique comme le passage des fluides et l’isolation, s’en verraient pénalisés.
Le choix de la véranda
Extension en semi dur un peu particulière, la véranda peut être utilisée de manière indépendante, avec une séparation de taille réduite avec, en général, la pièce de vie, ou constituer une extension conçue pour apporter plus de luminosité à cette grande pièce. Dans ce cas, l’ouverture dans le bâti pourra être quelque peu élargi ou du moins, une grande baie vitrée de communication prévue.
La véranda a l’avantage d’être bon marché et bien conçue (et isolée), elle constitue une véritable pièce permettant de réorganiser les espaces intérieurs. Ajoutons que son esthétique peut être très tendance et constituer un vrai plus lors de la revente, augmentant tout à la fois le prix et l’attrait de la maison aux yeux des acquéreurs potentiels.
L’aménagement des combles
Enfin, gagner de l’espace de vie peut signifier aménager les combles auparavant perdus. Il convient alors de s’assurer que la superficie « loi Carrez » (de plus d’1,80 mètre de hauteur) disponible est suffisante pour en faire un espace à vivre suffisant, et d’attribuer une fonction claire au lieu : souvent une chambre.
Aménager les combles est une solution économique car il suffit généralement de poser une isolation et de passer quelques câbles électriques, avant de procéder au plaquage et aux travaux de finition.
Une question de contexte
Le choix de la bonne manière d’agrandir votre maison doit se baser sur votre contexte propre, vos espoirs et vos contraintes techniques. Réaliser une surélévation par exemple, pourra concerner une pièce, une partie d’une pièce, ou bien la totalité de la maison qui gagnera ainsi un étage à part entière. Ces différents types de projets sont radicalement différents d’un point de vue technique, et leur coût n’est pas comparable. En vue d’imaginer dès le départ le bon projet d’agrandissement de votre maison, il est fortement conseillé de faire appel à un professionnel comme un ingénieur travaux, à la fois capable de comprendre vos attentes et de valider la faisabilité technique.
Deuxième axe ayant trait au contexte, l’esthétique de la surélévation concerne vos goûts et le devenir vénal de la maison. Vous pouvez très bien, par exemple, redonner de la modernité à votre maison ancienne, en lui accolant une extension en « cube ». Le choix d’un toit plat sera également perçu comme dans l’air du temps.
Enfin, votre situation géographique peut influer sur vos choix. Le contexte climatique (méditerranéen, nordique, venteux, etc.) sera à prendre en compte pour le type d’extension, le choix des matériaux ou encore, la performance de l’isolation thermique et phonique.
Les étapes à suivre pour agrandir un bien immobilier
#1 Définir son projet
En premier lieu, une prise de recul est essentielle afin d’imaginer un projet d’agrandissement qui soit tout à la fois pertinent pour répondre aux envies, pratique à vivre au quotidien, réalisable techniquement et dont le coût est acceptable budgétairement.
Une prise de côte et l’élaboration de plans doivent permettre d’identifier les contraintes et problématiques possibles, et serviront de base aux entreprises contactées par la suite. Notamment, cela définira les superficies à aménager et donc, la quantité de matériaux à prévoir.
Dès cette première étape, l’intervention d’un architecte et d’un ingénieur travaux est indispensable, pour éviter de perdre du temps, de solliciter des devis inutiles voire, encore plus grave, de démarrer des travaux inadaptés.
#2 Valider la faisabilité et les contraintes
Il peut être question de mille interrogations diverses selon le contexte : si votre agrandissement doit empiéter sur votre terrasse par exemple, il vous faudra vous assurer qu’elle est en mesure de constituer une fondation suffisamment solide. Le cas échéant, vous pourriez devoir la démolir pour la remplacer par un support plus pertinent.
Ensuite et selon le type d’extension choisi, le raccordement avec la maison existante n’est pas forcément évident à mettre en place. Outre l’esthétique, une bonne isolation doit être maintenue, excluant tout risque d’infiltration à la jonction, et le passage des fluides assuré en toute sécurité.
Enfin, les contraintes pesant sur le bâti d’origine ne doivent pas endommager celui-ci. Dans le cadre d’une vieille construction notamment, accoler une nouvelle pièce ou créer un nouvel étage au-dessus, pourrait nuire à la solidité de l’existant.
#3 Planifier les raccordements techniques
La faisabilité technique de votre projet doit ensuite être envisagée sous l’angle de la praticité et du confort à l’intérieur de l’agrandissement, en y amenant les équipements adéquats. Par exemple, si vous souhaitez que votre extension accueille votre cuisine, il vous faudra évidemment prévoir les raccordements électriques nécessaires, de même que les arrivées d’eau et – plus délicat – le passage des évacuations qui devront rejoindre le réseau général.
L’ensemble de ces éléments doivent, bien évidemment, être reportés sur les plans globaux de l’agrandissement.
#4 Trouver les entreprises de bâtiment à faire intervenir
Le moment est venu de solliciter plusieurs devis – soit auprès d’entreprises générales qui s’occuperont de l’ensemble de l’agrandissement, soit auprès d’artisans spécialisés dans un corps d’état. La seconde solution permet de faire intervenir des équipes plus pointues dans leur domaine, mais peut s’avérer complexe à organiser et plus chronophage dans la prise de décision.
Adresser 3 demandes de devis pour les mêmes prestations est conseillé, afin de mettre en cohérence les réponses avec les contraintes techniques du chantier et de s’assurer que les tarifs pratiqués sont les bons.
#6 Obtenir les autorisations nécessaires
Avant de missionner les artisans, vous devrez vous assurer que votre projet réponde aux exigences du Plan Local d’Urbanisme et déposer une déclaration de travaux dans certains cas, ou demander un permis de construire. Nous reviendrons ci-après sur les conditions liés à l’un et à l’autre.
#5 Lancer le démarrage des travaux
Faire intervenir les entreprises induit deux points d’attention principaux. Le premier concerne la praticité : la maison doit être à même de les accueillir dans de bonnes conditions, avec les espaces concernés dégagés notamment.
Par ailleurs, si plusieurs entreprises interviennent, les délais d’intervention doivent être respectés, en fonction du planning que vous aurez pris soin d’élaborer au départ. Prévoyez toujours une marge de manœuvre pouvant absorber un retard, pour éviter que le corps d’état suivant ne soit empêché d’intervenir : cela pourrait avoir des conséquences délétères pour votre chantier et votre budget.
#6 Suivre le chantier
Suivre un chantier de bâtiment au quotidien est chronophage et fastidieux pour qui n’est pas du métier. Il est essentiel de valider chaque étape, notamment celles qui seront recouvertes par la suite (comme les installations électriques) et de s’assurer du respect des normes comme de l’emploi des bons matériaux prévus au devis. A cette étape à nouveau, la présence d’un ingénieur travaux semble indispensable : il sera à même de faire corriger les potentiels défauts au fur et à mesure, nanti de l’autorité que lui confère son expertise.
#7 Réceptionner l’ouvrage
Gardez ce professionnel à vos côtés jusqu’à la dernière étape : la vérification que l’ouvrage livré est bien conforme au devis et à vos attentes de qualités. Le rendu peut être final ou intermédiaire, lorsqu’une entreprise termine une mission particulière dans le courant du chantier.
La réception de l’ouvrage entraîne le démarrage de la période de garantie, mais il sera toujours difficile de faire revenir un professionnel débordé sur un chantier terminé. Ne négligez donc jamais cette étape cruciale !
Attention aux respect des règles légales
Nous évoquions les autorisations à obtenir et à ce propos, plusieurs points précis sont à examiner.
Constructibilité du terrain
Pour le cas où l’agrandissement de la maison empiète sur une parcelle de votre terrain, par le biais d’une extension latérale par exemple, il vous faudra vous assurer que le PLU permette une telle construction, via notamment le nombre de mètres carrés autorisés à la construction.
N’oubliez pas au passage de vous renseigner sur les distances minimales de construction par rapport aux terrains et constructions voisines, ainsi que sur l’existence d’éventuelles servitudes.
Permis de construire ou déclaration préalable de travaux ?
La déclaration préalable de travaux est de mise si votre projet d’agrandissement de maison ajoute moins de 40m² de surface habitable (ou 20 m² dans le cas des communes qui n’ont pas de PLU).
Dans tous les autres cas, un permis de construire est obligatoire, notamment pour les projets même de moins de 40 ou 20m² qui :
- Modifient la façade ou l’aspect extérieur d’une maison ;
- Changent la destination d’un local ;
- Créent des niveaux supplémentaires : la surélévation.
Des plans devront être fournis à la mairie pour présenter le projet, accompagnés des formulaires prévus à cet effet. Attention, la construction d’une extension sans autorisation peut vous exposer à de lourdes amendes (jusqu’à 6 000 € du m² construit), voire à l’obligation de démolir l’ouvrage.
Le cas particulier des zones sauvegardées
Dans un périmètre de 500 mètres autour d’un monument classé, il est obligatoire de soumettre le projet à un architecte des Bâtiments de France. Il émettra un avis favorable ou non à la suite de votre demande d’agrandissement. Un accord est dans ce cas valable 3 ans.
Pour quel coût agrandir sa maison ?
Pour terminer, et à titre purement indicatif, sachez que le prix d’une extension de maison peut varier entre 1 200 € et 4 000 € du mètre carré environ.
Au-delà de l’ajout de mètres carrés, le coût variera fortement en fonction du type d’extension tout d’abord : un ajout latéral de plain-pied accolé à la maison, coûtera moins cher qu’une surélévation aux contraintes techniques bien plus complexes, par exemple. Les matériaux choisis et le niveau de qualité de l’ensemble pourront également influer sur le budget final. Attendez-vous à des frais supplémentaires par ailleurs, si le chantier demande des aménagements d’accessibilité, ou si le terrain est en pente et nécessite des fondations plus profondes.
De multiples facteurs peuvent faire varier le prix de votre agrandissement, c’est pourquoi il est conseillé de solliciter plusieurs devis répondant à votre contexte précis.
Vous voici bien armé pour démarrer votre projet d’agrandissement de maison, alors à vous de jouer !